L'Union Générale Arménienne de Bienfaisance (UGAB), la plus grande ONG dédiée à la préservation et à la promotion du patrimoine arménien, a eu l'occasion de commémorer le 110e anniversaire de sa présence en France, retardé en raison de la pandémie du Covid-19 et de la guerre meurtrière contre les Arméniens du Haut-Karabakh (Artsakh) qui a débuté en 2020. L'événement a attiré des participants du monde entier pendant deux jours et a accueilli des conférences, des dîners et des activités de groupe. L'objectif était également de susciter le soutien des politiciens français ainsi que des donateurs et les amis de l'UGAB pour poursuivre ses efforts humanitaires en Artsakh. A cette occasion, le Board France de l’UGAB a été renouvelé.
Accélérer l’aide humanitaire
Fondée en 1906 au Caire, l'UGAB s'est implantée en France en 1910 avec la création de sa filiale de Marseille. Au cours des décennies suivantes, l'UGAB est venue en aide aux communautés arméniennes menacées. Plus récemment, elle a élargi sa capacité à répondre à de multiples situations d'urgence dans les points les plus critiques du monde, grâce à son Fonds humanitaire mondial de l'UGAB. Du conflit en Syrie à l'explosion de Beyrouth au Liban, en passant par la guerre de l'Artsakh en 2020, ce fonds dédié a permis à l'UGAB d'accélérer l’aide humanitaire au niveau local, qu'il s'agisse de fournir une assistance sur le terrain avec des boîtes de nourriture, du matériel de survie, des fournitures pharmaceutiques et médicales ou d'apporter une aide financière à plus long terme.
Depuis décembre 2022, les Arméniens du Haut-Karabakh subissent durement le blocus imposé par le gouvernement d'Azerbaïdjan qui les prive d'énergie, de nourriture et de soins. L'UGAB a intensifié ses efforts pour soutenir cette communauté vulnérable grâce à l'aide apportée par ce fonds spécial.
Dans son discours, le Président de l’UGAB monde a détaillé l’engagement de l’organisation en Arménie et en Artsakh : "Pour l’UGAB, la bienfaisance n'est pas seulement une vertu, c'est un devoir moral, c'est un engagement. Si les Français d'origine arménienne sont aujourd'hui un modèle d'intégration exemplaire, ce n'est pas seulement par leur courage et leur ténacité. C'est aussi grâce à leur esprit de la solidarité, auquel la République vient de rendre hommage en accueillant Mélinée et Missak Manouchian au Panthéon" a déclaré le président mondial de l'UGAB, M. Berge Setrakian. “Notre union est plus que jamais nécessaire, notre énergie plus que jamais indispensable, notre générosité est plus que jamais vitale. (...) Si l'histoire nous a appris quelque chose, c'est que l'avenir ne se donne pas, il se prend. Dans 110 ans, l'UGAB existera toujours avec les générations futures qui porteront le flambeau dans la poursuite de sa mission. Aujourd'hui, l'avenir de l'Arménie et de l'Artsakh est devant nous, à nous de le conquérir", a-t-il conclu.
Pour lire tout le discours en français ou en anglais, veuillez aller sur https://agbu.org/fr/statement/discours-du-president-de-lugab-berge-setrakian-loccasion-du-110e-anniversaire-de-lugab-en.
Une série d’événements pour célébrer les 110 ans de l’UGAB en France
Dans le cadre de cet anniversaire, l'UGAB a organisé trois événements : une conférence d'une journée sur les défis auxquels l'Arménie est confrontée dans la région du Caucase du Sud, une soirée pour les jeunes professionnels et un dîner de solidarité avec le peuple arménien.
Le 23 juin, "L'Arménie à la croisée des chemins, paix et prospérité aux confins de l'Europe" a été organisé par l'UGAB France et APRI Armenia (Applied Policy Research Institute) à Sciences Po. La première keynote du matin a été ouverte par Nathalie Loiseau, membre du Parlement européen, présidente de la sous-commission sécurité et défense. Xavier Bertrand, Président du Conseil régional des Hauts-de-France, était également présent à la conférence et a parlé du partenariat stratégique franco-arménien.
"Laisser le Haut-Karabakh aujourd’hui, c’est abandonner l’Arménie demain” a rappelé Xavier Bertrand, Président du Conseil régional des Hauts-de-France. “Si nous abandonnons le Haut-Karabakh, il y aura un massacre. Nous devons en être conscients. Nous devons montrer qu'il se passe des choses importantes, et pas seulement en Ukraine. Nous parlons également de purification ethnique, de nettoyage ethnique. Nous devons veiller à ce que l'Arménie ne se voie pas confisquer une partie de son territoire, faute de quoi elle sera menacée à l'avenir”, a-t-il ajouté.
Parmi les intervenants du matin figuraient également Armelle Charrier, éditorialiste internationale, France24 ; Laure Delcour, professeure associée en relations internationales et études européennes, Université Sorbonne Nouvelle ; Benyamin Poghosyan, chercheur principal, APRI Armenia ; Arancha González Laya, ancienne ministre espagnole des affaires étrangères, de l'Union européenne et de la coopération ; doyenne de l'École des affaires internationales de Paris, Sciences Po ; Jacques Faure, ancien ambassadeur de France en Ukraine ; ancien coprésident du groupe de Minsk de l'OSCE, etc.
Dans la session de l’après-midi, l'accent a été mis sur l'agriculture durable en Arménie, les technologies transformatives et les énergies renouvelables. Plusieurs entrepreneurs arméniens (Anahit Markosian, fondatrice, responsable de la R&D et du développement de produits, Nairian Skincare ; Aimee Keushguerian, fondatrice, propriétaire, Zulal Wines ; Directrice Générale, Keush ; Victoria Aslanian, PDG et cofondatrice, ArmAs Winery, etc.) ont partagé leur expérience et présenté leur success stories. Ils ont également expliqué comment ils renforcent les opportunités économiques et commerciales et les écosystèmes de l'Arménie afin de construire un pays plus résilient. Le premier vice-ministre du ministère de l'industrie de haute technologie de la République d'Arménie, Gevorg Mantashyan, a également prononcé un discours et parlé des opportunités qui existent dans ce domaine.
Le même soir, “La Nuit des YP" a été organisée par les Jeunes Professionnels de l'UGAB Paris, réunissant 120 jeunes professionnels de toute l'Europe à la Monnaie de Paris.
Le dîner en solidarité avec le peuple arménien a eu lieu le samedi 24 juin au Westin Paris Vendôme et a rassemblé plus de 200 personnes. Le Conseil d'administration central de l'UGAB, sous la présidence de Berge Setrakian, Président de l'UGAB, ainsi que le réseau français et européen et les amis de l'UGAB, ont rendu hommage à leurs précieux partenaires, parmi lesquels : Nathalie LOISEAU, députée européenne et présidente de la sous-commission “Sécurité et défense” du Parlement européen ; Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d'Île-de-France ; Laurent Wauquiez, président du Conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes ; Anne Hidago, maire de Paris, représentée par M. Arnaud Ngatcha, adjoint au maire de Paris chargé de l'Europe et des affaires internationales pour la francophonie. La direction de l'UGAB a exprimé sa gratitude pour leur soutien continu dans les projets de solidarité avec l'Arménie et l'Artsakh. Puis les invités honorés ont présenté leur propre point de vue sur la crise.
“L'agression azérie est-elle plus acceptable que l'agression russe ? Le gaz azéri est-il plus fréquentable que le gaz russe ? Le territoire d’Artsakh est-il moins sacré aux yeux des médias européens que le Donbass ? Le sang arménien a-t-il moins de valeur que le sang ukrainien ?” s’est interrogé Laurent Wauquiez, président du Conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes. “Cette paix que l’on refuse avec justice de donner aux Russes face à leurs chars, est-ce qu’on l’imposerait à l’Arménie en abandonnant 120 000 de vos compatriotes de l’autre côté d’un corridor et dans un blocus d’une inhumanité que nous ne pensions pas encore connaître au XXe siècle ?” a-t-il poursuivi.
“Je n’en peux plus de ces communiqués diplomatiques qui ont l’air d’être rédigés par ChatGPT, puisqu’ils disent en permanence qu’il faut que les deux parties exercent leur retenue” s’est indignée Nathalie Loiseau, députée européenne. “Je sais encore faire la différence entre un agresseur et un agressé. Je sais encore nommer le fait que que c’est l’Azerbaïdjan qui tire sur l’Arménie. Je sais encore dire que pendant que l’Azerbaïdjan tire sur le territoire internationalement reconnu de l’Arménie, les soldats dits de maintien de la paix russes sont présents et croisent les bras.”
Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Île-de-France a quant à elle indiqué que “La realpolitik a ses limites, elle ne peut pas tout justifier. Ce n’est pas parce que l’Union Européenne a besoin du gaz azerbaïdjanais qu’il faut se taire. (…) Les Arméniens d’Arménie comme du Haut-Karabakh représentent le poste avancé de la démocratie, dans une région où règne sans partage des États autoritaires, voire dictatoriaux. (…) Pour moi, défendre l’Arménie, c’est défendre l’Europe, c’est défendre nos valeurs humaines, nos valeurs communes.”
Un nouveau conseil d'administration pour l'UGAB France
Le samedi 24 juin, les membres du nouveau conseil d'administration de l'UGAB France ont également pu rencontrer le conseil d'administration central de l'UGAB. Au cours de cette réunion, les activités et les actualités de l'UGAB monde, de l'UGAB Arménie et de l'UGAB Europe ont été présentées. Stéphane Petrossian est nommé co-président de l'UGAB France, aux côtés de Nadia Gortzounian, co-présidente de l'UGAB France. Camilio Azzouz devient président de l'UGAB Europe.
Pour aider à soutenir les efforts humanitaires en Artsakh, faites un don au Fonds mondial de secours de l'UGAB sur agbugiving.org/relief.
Cet article a été publié dans le Nouvelles d'Arménie Magazine n°309